Un voile flotte, agité par les vents
Presque toujours, dans les dessins actuels de Rena Tzolakis, un voile flotte, agité par les vents. C’est tantôt un rideau derrière une fenêtre ouverte, tantôt une voile sur un bateau au-dessus d’un grand filet aux mailles carrées, tantôt quelque chose de peu définissable, dont on peut seulement dire que c’est quelque chose qui bouge. Car les dessins de Rena Tzolakis sont hantés par des présences énigmatiques, par des surgissements impalpables, formés de lumière et de vent. Parfois, un tronc d’arbre s’élève, qui est aussi un ange, et une Victoire ailée, et un tournoiement. Parfois, les portes se ferment, qui interdisent toute fuite. Parfois, et plus souvent peut-être, elles s’ouvrent. Parfois, l’ombre des grands oiseaux volent à travers les chambres. Parfois, des personnages flottent dans un paysage étrange. Parfois, les feuilles d’un livre se froissent dans la lumière. Ici, un coquillage se devine à travers un voile : une spirale se laisse entrevoir. Ailleurs, une chambre devient paysage et l’on ignore si l’on se trouve à l’extérieur ou à l’intérieur du lieu. Ailleurs encore, une vague est une montagne d’eau, ou bien un mont apparaît comme une vague pétrifiée. La lumière et les souffles agitent un monde incertain.
Gilbert Lascault
texte écrit à l’occasion de l’exposition au Musée d’Art et d’Histoire à Auxerre le mois de juin de 1984